... "V. Les Courtisanes, qui se
font un nombre de connaissances, qu'elles reçoivent et vont voir. Les libertins d'une
fortune bornée font entr'eux différens arrangemens, auxquels cette Classe de Filles se
prêtent. J'en pourais citer qui effraieraient le Citoyen vertueux. On dit que de jeunes
Ouvrières, encore dans la maison paternelle, ont eu deux, trois, et même jusqu'à six
Amis, à un prix modique par semaine.
Celles-ci offrent au libertinage quelque
chose de plus piquant et de moins fastidieux : toujours propres, élégantes même ;
ordinairement ce qu'on appelle sensibles en termes de débauché, elles peuvent émouvoir
les sens : mais le cur, mais l'âme jamais, jamais ; le pouvoir de leurs attraits ne
va pas jusques-là. Eh ! qu'est-ce que l'amour, réduit au physique des sens ?
VI. Les Femmes du monde, à qui des
Vieilles amènent chaland, et qui, lorsqu'elles sortent, n'affichent pas leur état. On
affectionne particulièrement dans cette Classe, les Vieillards sagement débauchés.
VII. Les Demoiselles chez les Mamans,
qu'on met en réserve pour les Vieillards, ou autres, qui paient cher. On conduit
quelquefois celles-ci à la campagne, chez de riches Débauchés"...
Mercier traite des prostituées dans la ville de Paris en 1782 :
..."On compte à Paris trente mille
filles publiques, cest-à-dire vulgivagues, et dix mille environ moins indécentes,
qui sont entretenues, et qui dannée en année passent entre différentes mains. On
les appelloit autrefois femmes amoureuses, filles folles le leurs corps. Les filles
publiques ne sont point amoureuses ; et si elles sont folles de leurs corps, ceux qui les
fréquentent sont beaucoup plus insensés.
La police va chercher des espionnes dans ce corps infame. Ses agens
mettent ces malheureuses à contribution, ajoutent leurs désordres aux désordres de la
chose, exercent un empire sourdement tyrannique sur cette portion avilie, qui pense
quil ny a plus de loix pour elle : ils se montrent enfin quelquefois plus
horriblement corrompus que la plus vile prostituée, car celle-ci acquiert le droit de les
traiter avec mépris, tant ils remportent le prix de la bassesse ! Oui, il y a des êtres
au-dessous de ces femmes de mauvaise vie, et ces êtres sont des hommes de
police."...
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